J’ai toujours été fascinée par le destin des enfants de Catherine de Médicis, surtout celui d’Henri III, avec qui s’éteigne la dynastie de Valois qui a dominé la scène politique de la France entre 1358 et 1589.
L’auteur du livre nous entraine dans l’aventure de sa vie, depuis sa naissance le 19 septembre 1551 à Fontainebleau, jusqu’à sa mort tragique survenue suite à un assassinat le 1er août 1589 au château de Saint-Cloud.
Henri, né Alexandre Édouard, a passé son enfance entre Blois, Fontainebleau, Amboise, Vincennes et Rambouillet à côté de ses frères et soeurs François (II), Charles (IX), Margot (reine de Navarre) et Marie Stuart. Après la mort de François II et l’avènement de Charles IX, en pleine maturité, il devient une sorte de vice-roi et commandant de l’armée responsable de la victoire de Jarnac et du siège de la Rochelle. Même si son comportement s’avérait plutôt ultra-catholique, Solnon exclue toute participation d’Henri dans les décisions prises pendant le massacre de la Sainte Barthélemy, premièrement à cause de son esprit tolérant et deuxièmement à cause de sa position comme candidat au trône d’une Pologne quasi-protestante.
Longtemps amoureux de Marie de Clèves il a énormément souffert en apprenant son mariage et puis sa mort. Elle a été la passion de sa vie, même s’il a montré plus tard beaucoup de respect et amour pour sa femme, Louise de Vaudémont.
Pendant le siège de la Rochelle en juin 1572 il apprend son élection au trône de Pologne (grâce à ses qualités militaires) mais ne s’empresse pas d’y partir. La santé fragile de Charles IX lui donne l’espoir d’hériter le trône de la France, ayant l’appui de sa mère Catherine. Il considérait la Pologne comme un exil.
C’est devant la Rochelle et puis dans son chemin vers la Pologne qu’il commence à constituer son entourage privé des futurs mignons: Saint-Luc, Caylus, La Valette, Saint-Sulpice, François d’O.
L’aventure de Pologne a été un échec. Aussitôt qu’il a appris la mort de son frère en juin 1574 la fuite vers la France devient inévitable.
C’est vrai que jamais aucun prince n’avait été plus impatiemment attendu par la France. Jeune, intelligent, bon militaire, religieux et bureaucrate, Henri III possédait toutes les qualités pour continuer la tradition de son grand-père François I.
Malgré les espérances, 15 ans plus tard, il devenait le plus détesté, haï et calomnié roi que la France a jamais eu. Ce qui me parait le plus curieux est notamment son caractère trop alternant et inconstant. Dans sa jeunesse il a démontré des capacités excellentes comme capitaine, guerrier, homme politique, mais aussi intellectuel raffiné (beaucoup plus raffiné que ses frères et qui avait plutôt des affinités intellectuelles avec sa sœur Marguerite). Toute l’Europe le voyait comme un autre François I. Mais dans la seconde moitié de sa vie, après avoir occupé le trône de la France, il se montre faible, craignant, instable. Sa prédilection pour la pénitence, la douleur, la foi excessive aussi comme son attachement à quelques bourgeois qu’il préfère dans son entourage plus que les membres de sa famille, relève un autre Henri, que sa mère Catherine ne connaissait pas, que la France ne pouvait pas anticiper. Comment a pu-t-il changer de cette manière en quelques années? Le vainqueur de Jarnac devient le roi désarmé, envahi par l’autorité des Guises et le travesti à mœurs dubitatifs…
Solnon explique cette transformation par la situation de la France à la fin du XVIème siècle: le pays étant divisé entre protestants et catholiques après huit guerres de religion, l’autorité royale ruinée. Les passions ultra catholiques ont condamné Henri à la guerre contre les protestants et à défendre sa position contre le Balafré (François de Guise) qui a signé un traité d’alliance avec l’Espagne dans l’espoir de succéder au trône de la France. Monsieur son frère, François d’Anjou a aussi contribué à l’impopularité du roi par ses nombreuses fuites, révoltes et rêves de conquérir un royaume. Après sa mort en 1584, le duc de Guise devient l’ennemi numéro 1 d’Henri. La vie du roi reste en danger surtout après l’occupation de la capitale par les ligueurs en 1588. Il est impuissant et faible, forcé d’exclure Henri de Navarre de la succession.
Á l’occasion des États Généraux de Blois, le soir de Noël 1588 Henri III donne l’ordre de tuer le duc de Guise, suite à une nécessité politique. Mais la paix ne s’installe ni dans son pays ni dans son âme. Plus acharnés que jamais, les ligueurs ne désirent que la vengeance de leur chef et organise l’assassinat du roi, le 1er août 1589, par l’intermédiaire d’un moine fanatique, Jacques Clément.
Le dernier Valois disparait ainsi sans héritier, laissant une nation plongée dans le désastre de la guerre civile. Pour la première fois personne n’a prononcé la célèbre formule: "Le roi est mort, vive le roi!" car la perspective d’un roi protestant était à ce moment-là innaceptable. Pourtant, après des luttes sanglantes et sa conversion au catholicisme, Henri IV, le premier Bourbon, accédera au trône de la France et initiera l’ère de la modernité.
Un bon livre, très compacte et objectif, à recommander pour des études sur la personnalité d’Henri III ainsi que pour une lecture agréable.
Voilà quelques citations que j’ai particulièrement aimé:
"La popularité d’Henri n’avait été qu’un soleil de janvier"
"Ce que j’aime c’est avec extrémêté" (Henri III)
"Il (le roi) redoute la défaite catholique, cependant il la désire"
"Mon fils, c’est bien taillé, mais il faut coudre" (Catherine de Médicis à propos de l’assassinat du duc de Guise)
L’auteur du livre nous entraine dans l’aventure de sa vie, depuis sa naissance le 19 septembre 1551 à Fontainebleau, jusqu’à sa mort tragique survenue suite à un assassinat le 1er août 1589 au château de Saint-Cloud.
Henri, né Alexandre Édouard, a passé son enfance entre Blois, Fontainebleau, Amboise, Vincennes et Rambouillet à côté de ses frères et soeurs François (II), Charles (IX), Margot (reine de Navarre) et Marie Stuart. Après la mort de François II et l’avènement de Charles IX, en pleine maturité, il devient une sorte de vice-roi et commandant de l’armée responsable de la victoire de Jarnac et du siège de la Rochelle. Même si son comportement s’avérait plutôt ultra-catholique, Solnon exclue toute participation d’Henri dans les décisions prises pendant le massacre de la Sainte Barthélemy, premièrement à cause de son esprit tolérant et deuxièmement à cause de sa position comme candidat au trône d’une Pologne quasi-protestante.
Longtemps amoureux de Marie de Clèves il a énormément souffert en apprenant son mariage et puis sa mort. Elle a été la passion de sa vie, même s’il a montré plus tard beaucoup de respect et amour pour sa femme, Louise de Vaudémont.
Pendant le siège de la Rochelle en juin 1572 il apprend son élection au trône de Pologne (grâce à ses qualités militaires) mais ne s’empresse pas d’y partir. La santé fragile de Charles IX lui donne l’espoir d’hériter le trône de la France, ayant l’appui de sa mère Catherine. Il considérait la Pologne comme un exil.
C’est devant la Rochelle et puis dans son chemin vers la Pologne qu’il commence à constituer son entourage privé des futurs mignons: Saint-Luc, Caylus, La Valette, Saint-Sulpice, François d’O.
L’aventure de Pologne a été un échec. Aussitôt qu’il a appris la mort de son frère en juin 1574 la fuite vers la France devient inévitable.
C’est vrai que jamais aucun prince n’avait été plus impatiemment attendu par la France. Jeune, intelligent, bon militaire, religieux et bureaucrate, Henri III possédait toutes les qualités pour continuer la tradition de son grand-père François I.
Malgré les espérances, 15 ans plus tard, il devenait le plus détesté, haï et calomnié roi que la France a jamais eu. Ce qui me parait le plus curieux est notamment son caractère trop alternant et inconstant. Dans sa jeunesse il a démontré des capacités excellentes comme capitaine, guerrier, homme politique, mais aussi intellectuel raffiné (beaucoup plus raffiné que ses frères et qui avait plutôt des affinités intellectuelles avec sa sœur Marguerite). Toute l’Europe le voyait comme un autre François I. Mais dans la seconde moitié de sa vie, après avoir occupé le trône de la France, il se montre faible, craignant, instable. Sa prédilection pour la pénitence, la douleur, la foi excessive aussi comme son attachement à quelques bourgeois qu’il préfère dans son entourage plus que les membres de sa famille, relève un autre Henri, que sa mère Catherine ne connaissait pas, que la France ne pouvait pas anticiper. Comment a pu-t-il changer de cette manière en quelques années? Le vainqueur de Jarnac devient le roi désarmé, envahi par l’autorité des Guises et le travesti à mœurs dubitatifs…
Solnon explique cette transformation par la situation de la France à la fin du XVIème siècle: le pays étant divisé entre protestants et catholiques après huit guerres de religion, l’autorité royale ruinée. Les passions ultra catholiques ont condamné Henri à la guerre contre les protestants et à défendre sa position contre le Balafré (François de Guise) qui a signé un traité d’alliance avec l’Espagne dans l’espoir de succéder au trône de la France. Monsieur son frère, François d’Anjou a aussi contribué à l’impopularité du roi par ses nombreuses fuites, révoltes et rêves de conquérir un royaume. Après sa mort en 1584, le duc de Guise devient l’ennemi numéro 1 d’Henri. La vie du roi reste en danger surtout après l’occupation de la capitale par les ligueurs en 1588. Il est impuissant et faible, forcé d’exclure Henri de Navarre de la succession.
Á l’occasion des États Généraux de Blois, le soir de Noël 1588 Henri III donne l’ordre de tuer le duc de Guise, suite à une nécessité politique. Mais la paix ne s’installe ni dans son pays ni dans son âme. Plus acharnés que jamais, les ligueurs ne désirent que la vengeance de leur chef et organise l’assassinat du roi, le 1er août 1589, par l’intermédiaire d’un moine fanatique, Jacques Clément.
Le dernier Valois disparait ainsi sans héritier, laissant une nation plongée dans le désastre de la guerre civile. Pour la première fois personne n’a prononcé la célèbre formule: "Le roi est mort, vive le roi!" car la perspective d’un roi protestant était à ce moment-là innaceptable. Pourtant, après des luttes sanglantes et sa conversion au catholicisme, Henri IV, le premier Bourbon, accédera au trône de la France et initiera l’ère de la modernité.
Un bon livre, très compacte et objectif, à recommander pour des études sur la personnalité d’Henri III ainsi que pour une lecture agréable.
Voilà quelques citations que j’ai particulièrement aimé:
"La popularité d’Henri n’avait été qu’un soleil de janvier"
"Ce que j’aime c’est avec extrémêté" (Henri III)
"Il (le roi) redoute la défaite catholique, cependant il la désire"
"Mon fils, c’est bien taillé, mais il faut coudre" (Catherine de Médicis à propos de l’assassinat du duc de Guise)
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