Monday, December 6, 2010

6 décembre, anniversaire du rattachement de la Bretagne à la France

1490. Après des siècles de conflits entre la France et la Bretagne, l’héritière du duché de Bretagne (de son père François II), Anne de Bretagne choisit tout d’abord d’épouser Maximilien de Habsbourg, le futur empereur d’Allemagne, pour préserver l’indépendance de son pays (depuis 1465 son père n’avait cessé de guerroyer contre Louis XI s’allliant avec ses ennemis). Le mariage par procuration n’a jamais été consommé. Charles VIII, le jeune roi de France, était lui même fiancé depuis son enfance à Marguerite d’Autriche, la fille de Maximilien.


La guerre contre la France était perdue en 1490 pour la Bretagne, et la petite reine attendait les secours de son mari. Celui-ci, pris ailleurs dans un conflit avec les Turcs, ne réagit pas. Les nobles de Bretagne supplient alors la jeune fille de mettre fin aux souffrances de son peuple et épouser le vainqueur, le roi de France. Au bout de quelques mois, elle consentit à un traité de paix dont sa main était l’enjeu. Après des fiançailles difficiles, causées par l’annulation de son mariage par procuration avec Maximilien ainsi que par la rupture d’engagement entre Charles et Marguerite d’Autriche, le mariage a finalement eu lieu le matin de 6 décembre 1491 à Langeais. Plusieurs témoins ont été présents, notamment: le duc Louis d'Orléans, le duc de Bourbon, les comtes d'Angoulême, de Foix et de Vendôme, le prince d'Orange, le chancelier Philippe de Montauban, le sire de Coëtquen.

A propos de cet événement, voici ci-dessous un extrait du livre de Simone Bertière "Les Reines de France aux temps de Valois", volume 1 "Le beau XVIe siècle":

"Pour la célébration du mariage on avait choisi une forteresse. Sur le site de Langeais, qui occupe un entablement rocheux dominant la rive gauche de la Loire, Louis XI avait fait bâtir un château fort inexpugnable. De quoi décourager Maximilien, pour le cas où il aurait tenté de faire enlever son ex-épouse (...) Les futurs conjoints se rendirent à Langeais séparément. Anne arriva la première. Charles la rejoignit plus discrètement encore, dans la nuit du 5 au 6 décembre par voie fluviale, accompagné d’une suite réduite. Et la Loire fut aussitôt interdite à tout trafic. La cérémonie eut lieu aussitôt, à l’aube du 6 décembre, en présence de quelques grands seigneurs triés sur le volet. (...)
Les termes en avaient été minutieusement pesés par les juristes français. Il s’agissait d’arrimer solidement la Bretagne à la France. La jeune femme conservait son titre ducal, mais abandonnait au roi l’administration de ses territoires. Dans un esprit d’apparente égalité, les deux époux se faisaient donation réciproque de tous leurs droits sur la province en cause, mais un jeu de clauses complexes en assurait, à la génération suivante, le rattachement à la France. On avait envisagé plusieurs cas. Si Anne mourait la première en laissant des enfants, ceux-ci héritaient naturellement d’elle. Dans le cas contraire, la Bretagne appartiendrait à Charles VIII. Si Charles mourait le premier, (...) pour empêcher sa veuve de reprendre la Bretagne et de l’apporter en dot à un nouveau mari, une clause très insolite stipulait qu’elle serait tenue d’épouser son successeur sur le trône de France. (...) Telle avait été la solution trouvée pour concilier les droits théoriques d’Anne sur sa province natale avec les intérêts français. (...)
Elle n’avait pas encore quinze ans, le roi en avait vingt et un. (...) Dès le 18 décembre, Charles, rassuré, la présente à sa bonne ville de Tours, qui lui fait un accueil chaleureux. Et en février, il la conduit à Paris pour être non seulement couronnée dans l’abbatiale de Saint-Denis, mais sacrée: c’est un honneur."

L’histoire a été dure avec ses protagonistes. Charles et Anne ont pris des engagements solennels avant leur mariage qu’il ont violés. Leurs malheurs ultérieurs sont ainsi expliquables (la perte de tous leurs enfants en bas âge et la mort prémature de Charles). On connait la suite de leur destin, en 1499 Anne épouse le cousin et le successeur de Charles, Louis XII. Le second contrat de mariage est quand même plus favorable à Anne, conservant ainsi l’autonomie, les privilèges et les institutions de sa province.

La scène du célèbre mariage symbolique entre la Bretagne et la France qui a eu lieu le 6 décembre 1491 est reproduite en personnages de cire dans une des grandes salles du château de Langeais.

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